L’essor urbain exerce une pression croissante sur les oiseaux, et nous savons aujourd’hui que les collisions d’oiseaux avec les surfaces en verre des bâtiments, et autour de ceux-ci, est la deuxième cause de mortalité liée aux activités humaines chez ces animaux. Il est estimé que chaque année, en Amérique du Nord, pas moins d’un milliard d’oiseaux meurent en entrant en collision avec une fenêtre.
Les oiseaux sont incapables de percevoir que le verre est une surface impénétrable. Par conséquent, ils risquent de se heurter à une fenêtre en tentant de se rendre à de la végétation ou à un habitat qu’ils aperçoivent de l’autre côté de la vitre ou qui s’y réfléchit. La collision avec le verre est une menace pour tous les oiseaux, quels que soient leur espèce, leur sexe, leur état de santé et leur âge, ce qui amplifie l’effet nuisible de cette situation sur les populations d’oiseaux.
La luminosité qui émane des bâtiments et l’éclairage extérieur, la nuit, aggravent le problème des collisions d’oiseaux. En effet, puisque les oiseaux migrateurs se guident sur des signaux visuels pour se rendre à destination, cette luminosité artificielle les fait dévier de leur itinéraire. Elle les attire en zone urbaine et les désoriente au point qu’ils le modifient. Cette situation les expose à un risque d’épuisement, d’émaciation ou de mort, et augmente la probabilité qu’ils se heurtent à une fenêtre pendant les heures d’illumination naturelle.
Énoncé de politique
La CCN veille à l’application des Lignes directrices de conception sûre pour les oiseaux pour tous les projets sur ses terrains, y compris ceux qui concernent les terrains et les bâtiments du gouvernement fédéral qui sont assujettis à une approbation fédérale de l’utilisation du sol, du design et des transactions immobilières, dans la région de la capitale nationale, et qui comportent des éléments architecturaux en verre ou de l’éclairage. Sont également concernés tous les projets qui comportent un aménagement paysager adjacent à un bâtiment ou une autre structure et qui comportent des éléments en verre ou réflecteurs.
Lois applicables
Si elle cause la mort d’un oiseau ou lui inflige des blessures, la lumière naturelle réfléchie par un bâtiment, ou qui en irradie, est considérée comme un « contaminant » en vertu de la Loi sur la protection de l’environnement de l’Ontario. En outre, permettre de telles émissions lumineuses, si elles causent la mort d’espèces en péril ou leur infligent des blessures, contrevient à la Loi sur les espèces en péril du Canada. Ajoutons que la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs interdit la capture accessoire d’oiseaux migrateurs ainsi que l’immersion ou le rejet d’une quelconque substance nocive pour ces oiseaux dans les régions qu’ils fréquentent. Une personne propriétaire ou gestionnaire d’un bâtiment dont la conception résulterait en la mort ou la blessure d’oiseaux pourraient donc être reconnue coupable d’infraction en vertu des lois fédérales ou provinciales, selon le cas, si elle omettait de prendre des mesures préventives raisonnables pour réduire le risque pour les oiseaux que pose son bâtiment.
Lignes directrices
Les lignes directrices ci‑après s’inspirent des normes respectueuses des oiseaux actuelles. Elles s’harmonisent à la norme Conception de bâtiments respectueuse des oiseaux [CSA A460:19] de l’Association canadienne de normalisation, la première norme canadienne sur la conception de bâtiments sûrs pour les oiseaux, et aux Lignes directrices de conception sécuritaire pour les oiseaux de la Ville d’Ottawaiv. Les lignes présentes directrices sont le fruit d’une concertation entre divers services, à la CCN; la Fatal Light Awareness Program (FLAP Canada); et Ailes en sureté Ottawa. Certaines recommandations visant les bâtiments patrimoniaux s’ajoutent aux directives de la CCN sur le lieu, l’architecture, l’éclairage et l’architecture paysagiste.
1 Conception globale du terrain et du bâtiment
La conception globale du terrain et du bâtiment, pour les structures et les bâtiments nouveaux, doit atténuer les risques pour la sécurité des oiseaux.
Pour réduire les risques de collisions d’oiseaux contre les fenêtres, la première étape consiste à concevoir le bâtiment et ses alentours de manière à éviter qu’ils posent un risque inhérent. Les fenêtres sont certes un élément significatif de la structure pour établir un lien avec la nature, mais il est important d’anticiper quelle sera la position des oiseaux par rapport au verre. Certains types de conception de bâtiments et d’éléments architecturaux contenant du verre posent aussi un risque inhérent pour les oiseaux. Cela dit, si la conception est soignée et que les fenêtres sont placées judicieusement, il est possible de concevoir des bâtiments qui atténuent les risques pour les oiseaux, tout en maintenant le contact avec la nature et en optimisant l’efficacité énergétique.
7 Aménagement paysager
L’aménagement paysager entourant un bâtiment devrait être conçu de manière à atténuer les risques de collisions d’oiseaux contre une fenêtre.
L’aménagement paysager adjacent à un bâtiment a une incidence sur les collisions d’oiseaux contre les fenêtres, car il modifie le comportement de nombreux oiseaux dans l’environnement immédiat du bâtiment et parce que la végétation se reflète dans les fenêtres. En zone urbaine il est important, et même encouragé, de procurer un habitat aux oiseaux. S’il n’est généralement pas nécessaire d’éloigner les oiseaux des bâtiments sûrs pour eux, il y a néanmoins, en matière d’aménagement paysager, des lignes directrices à suivre qui améliorent leur sécurité. Ces lignes directrices devraient toujours s’appliquer de concert avec les lignes directrices de conception de bâtiments sûrs pour les oiseaux.
8 Caractéristiques patrimoniales
Les caractéristiques patrimoniales doivent être prises en considération dans une optique de conception sûre pour les oiseaux.
Avant d’intervenir d’une quelconque façon dans la conception d’un bâtiment ou d’un lieu patrimonial ou historique (c.‑à‑d. un bâtiment ou un lieu ayant une valeur patrimoniale et des éléments caractéristiques), toute décision devrait avoir été guidée par les Normes et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada. Toute stratégie d’atténuation des risques de collisions d’oiseaux est à considérer dans la perspective de conservation des éléments patrimoniaux du bâtiment et du lieu. Puisque chaque bâtiment et chaque lieu sont uniques, toute intervention doit être traitée au cas par cas, en portant une attention particulière à l’incidence que pourrait avoir l’intégration d’une stratégie d’atténuation donnée sur le contexte patrimonial.
Bien souvent, il est possible de mettre en œuvre les stratégies énoncées aux points 2.2 à 2.7 sans qu’il y ait d’incidence sur les considérations relatives au patrimoine. Les lignes directrices ci-après visent les projets de conception sûre pour les oiseaux portant sur des bâtiments existants pour lesquels une désignation patrimoniale s’applique.